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Et si on travaillait moins ? 5 raisons d’opter pour un horaire réduit – Les Mins

Écrit par abadmin


Troubles de santé mentale, épuisement professionnel et sédentarisation ne sont que quelques exemples des effets néfastes que peut entraîner une surcharge de travail. D’ailleurs, des pays comme la Finlande flirtent avec l’idée de la réduction de l’horaire de travail typique qui, selon la littérature, amènerait son lot d’avantages individuel et collectif. Et si on travaillait moins ? Découvrez 5 raisons d’opter pour un horaire réduit dans cet article.

Pour comprendre le paradigme actuel de la semaine typique de 40 heures de travail, il faut revenir au début des années 1900. À cette époque, les travailleurs d’usine faisaient des semaines pouvant culminer à 100 heures, travaillant ainsi jusqu’à 7 jours consécutifs par semaine. En 1926, le constructeur automobile Ford prit une décision audacieuse : normaliser la semaine de travail à 40 heures (5 journées de 8 heures). Cette décision en était avant tout une d’affaire : augmenter la productivité des employés et leur laisser plus de temps pour consommer (c.-à-d. acheter des voitures). Le pari a été remporté : Ford a vu ses profits augmenter en flèche. Peu de temps après, au milieu du 20e siècle, la semaine de 40 heures devenait la norme en Amérique du Nord et un peu partout dans le monde.

Que s’est-il passé depuis ? Bien que la norme soit toujours autour de 35 à 40 heures par semaine, nous nous sommes remis à travailler plus, toujours plus. Les heures supplémentaires sont devenues chose courante pour faire face, d’une part, à une compétitivité grandissante dans certains types d’entreprises comme chez celles de la Tech et, d’autre part, à une certaine pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs comme dans celui de la santé. Le travail s’est vu accorder une part de plus en plus importante de nos vies : nombre d’heures travaillées, temps de déplacement, moment où l’on est « mentalement » au travail, etc.

Et si je vous disais qu’il faut travailler moins  ?

C’est lors de mes études de maîtrise que j’ai pu expérimenter les semaines de travail réduites, soit autour de 25 heures productives par semaine, si je recoupe le temps alloué aux projets parascolaires comme le comité étudiant. Résultat : j’ai terminé mes études dans un temps inférieur à la moyenne des étudiants

Cette expérience m’a appris avec grand étonnement que la productivité était loin d’être corrélée avec un nombre élevé d’heures travaillées. En fait, cette corrélation est plutôt négative : plus nous travaillons, moins le rendement est élevé. Serait-il donc préférable d’avoir horaire de travail sain avec assez de temps libres pour ne pas s’y épuiser ? C’est ce que les habitants de la Suède pensent en pratiquant au travail l’art du « juste assez » ou lagom, pays dans lequel les heures supplémentaires y sont d’ailleurs très peu valorisées.

En Suède, on prend régulièrement des pauses-café ou fika ☕️

Au retour de notre année sabbatique dans l’Ouest canadien et en Nouvelle-Zélande, j’ai déniché un emploi où j’ai pu continuer de suivre ce rythme réduit de travail à raison de 30 heures par semaine. Après cette expérience plus que positive qui dure depuis plus d’un an déjà, je vous expose ici les 5 raisons d’opter, vous aussi, pour un horaire de travail réduit.

#0 – Pour avoir plus de temps ⏱

Le  temps est une ressource bien rare de nos jours et qui n’est malheureusement pas renouvelable. Vous trouvez que vous manquez souvent de temps dans la vie ? Réduire son horaire de travail est une excellente façon d’en libérer facilement et rapidement. En diminuant votre nombre de jours travaillés, vous réduisez aussi le temps que vous perdez dans la congestion pour vous rendre au travail. Un horaire de travail réduit est un réel baume sur cette plaie ouverte qu’est le manque de temps qui peut mener à divers problèmes de santé comme nous le verrons au point suivant.

Vous voulez avoir encore plus de temps ?  Si c’est possible pour vous, optez pour le télétravail (à temps plein ou en formule hybride), qui est une autre bonne façon d’augmenter son temps disponible, en venant réduire grandement le temps consacré aux déplacements quotidiens.

#1 – Pour être en meilleure santé ❤️

Dans nos sociétés occidentales où le travail est roi, de nombreux maux physiques et mentaux affectent les travailleurs. D’ailleurs, le lien entre une semaine surchargée et la santé devient de plus en plus évident :

  • Santé physique : Les travailleurs de bureau qui demeurent assis pendant la majorité de leur semaine courent de nombreux risques pour leur santé (obésité, diabète, maladies cardiovasculaires, etc.) alors que ceux qui effectuent un travail physique sur de longues périodes peuvent augmenter leur risque de blessure et  d’accident de travail. De son côté, le manque d’activité physique, pouvant être attribuable à des semaines surchargées, augmente le risque d’insuffisance cardiaque, de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2, d’hypertension, de certains cancers et d’ostéoporose.
  • Santé mentale : Le stress chronique, l’insomnie, l’anxiété, la dépression, l’épuisement professionnel (burnout), la détresse psychologique et même parfois le suicide sont souvent associés à une surcharge mentale au travail. On estime que 15 à 20% des travailleurs souffriront de troubles de santé mentale. C’est énorme !

Sans dire que travailler moins réglera tous ces problèmes, libérer plusieurs heures dans son horaire pour augmenter ses relations sociales, faire de l’activité physique ou s’initier au yoga ou à la méditation ne peut qu’améliorer la situation. Et pourquoi ne pas faire une pierre deux coups en prenant des bains de forêt à la manière des Japonais, qui donneront un coup de pouce à la fois à votre santé mentale et physique. Des employés en meilleure santé s’absentent moins fréquemment au travail, ce qui augmentera le rendement de l’entreprise, comme nous le verrons au point suivant.

#2 – Pour augmenter sa productivité 📈

L’augmentation de la productivité, comme discuté en introduction, est un argument de taille lorsque viendra le moment de négocier votre horaire réduit de travail. Voici quelques expériences qui nous ont montré que la semaine réduite de travail pouvait réellement accroître l’efficacité (ainsi que le bonheur) des travailleurs :

  • Un projet pilote chez Microsoft au Japon a montré une augmentation de la productivité de 40% chez les employés qui étaient passés aux semaines de quatre jours.
  • Une organisation à Melbourne a testé la semaine de quatre jours et a remarqué une diminution du temps passé aux activités improductives comme l’envoi de courriels inutiles, les réunions interminables ainsi que le flanage sur la toile
  • À Göteborg en Suède, des infirmières ont fait l’essai des journées de six heures et ont dit être plus heureuses, en meilleure santé et plus énergiques au travail

Autant les employés que les employeurs savent pertinemment que les longues journées au bureau et que les vendredis après-midi sont loin d’être les plus productifs. Alors, pourquoi ne pas utiliser ce temps à meilleur escient en travaillant tout simplement moins ? Cela s’applique autant aux emplois physiques que ceux intellectuels. Si la quantité de tâches effectuées par heure travaillée est plus grande, cela veut dire que votre employeur paiera au final un moins grand nombre d’heures pour une quantité de travail équivalente effectuée. Comme on dit, c’est une situation « gagnant-gagnant » !

Et ce n’est pas que la productivité au travail qui peut être améliorée avec un horaire réduit. Votre productivité hors travail le sera elle aussi étant donné que vous ne traînerez pas avec vous une fatigue accumulée. Cela vous permettra donc d’être plus efficace dans vos temps libres pour apprendre quelque chose de nouveau, pour faire des tâches à la maison ou dans vos performances sportives.

#3 – Pour avoir plus d’argent dans vos poches 💵

Le temps c’est de l’argent ! De prime abord, accepter de réduire son horaire de travail, c’est aussi accepter une baisse de revenu de la part de son employeur. Or, combien vaut le temps nouvellement disponible pour passer avec votre famille ou vos amis ? L’amélioration de votre santé mentale et physique et, possiblement, de votre espérance de vie ? L’augmentation de votre niveau de bonheur ? La diminution des coûts de santé pour les problèmes liés à la surcharge de travail (obésité, dépression, stress chronique, etc.) ?

Bien que ces exemples n’aient pas de valeur sur les marchés financiers ou que celle-ci soit assez difficile à évaluer, il existe aussi d’autres façons d’avoir plus d’argent (je parle ici de vrai argent) dans vos poches en travaillant moins. D’abord, vous pouvez utiliser votre temps disponible pour apprendre une nouvelle langue, un langage de programmation ou même aller chercher un diplôme à temps partiel. Ces nouveaux apprentissages se traduiront, inévitablement, par l’accès à des primes ou à de meilleurs postes et donc, à de meilleurs salaires qui peuvent venir contrebalancer le fait que vous travailliez moins. Puis, vous pouvez décider de réduire votre dépendance aux multiples services coûteux offerts pour combler au manque de temps : restaurants, repas préparés, femme de ménage, achats en ligne, etc. Finalement, vous pouvez décider de vous occuper vous-même de certaines tâches pour lesquelles vous déboursiez autrefois de l’argent : réparer vos vêtements, faire de la mécanique automobile ou sur votre vélo, cuisiner vos repas, faire pousser des légumes, courir les aubaines, etc.

Et si vous réduisiez aussi vos dépenses ?

En adoptant un mode de vie plus minimaliste, vous pouvez grandement diminuer vos dépenses : faible loyer pour un appartement de taille raisonnable, pas de termes d’automobile à payer, pas besoin de changer votre garde-robe aux saisons, préférence pour les articles d’occasion, pas de renouvellement de vos technologies aux deux ans, utilisation des parcs et des lieux publics gratuits, etc. Ainsi, opter pour  une vie minimaliste permet de se payer le luxe de travailler moins et d’avoir plus de temps.

#4 – Pour donner un répit à la planète 🌎

Travailler 40 heures par semaine, c’est gagner le minimum d’argent nécessaire pour survivre à la société de (sur)consommation : maison, voiture, piscine, gazon bien coupé, chalet, roulotte, gadgets électroniques, etc. En fait, la surconsommation et le surtravail sont intimement liés : nous devons travailler un grand nombre d’heures pour nous payer des biens de consommation, et ainsi, demeurer dans la « game », ce qui nous oblige à travailler encore plus et ce qui devient rapidement une boucle sans fin. Notre système économique actuel basé sur l’accroissement des possessions personnelles est responsable de nombreux maux de la planète comme la pollution des écosystèmes et les changements climatiques. Diminuer son nombre d’heures travaillées permet de se sortir la tête de l’eau et de renoncer à cette société d’excès. On peut ainsi se recentrer sur l’essentiel et s’occuper de notre belle planète en consommant moins et mieux, en visitant les commerces de quartier, en faisant nos achats en vrac, en se déplaçant à vélo, en réduisant notre empreinte environnementale, etc.

#5 – Pour amener un changement de mentalité  🧠

Chez les jeunes professionnels ou les étudiants, l’idée de la semaine réduite de travail a beaucoup d’écho : les longs weekends de trois jours sont enviables à plusieurs égards. Ces gens savent aussi pertinemment que la motivation est décroissante après un certain nombre d’heures travaillées par jour ou après un certain nombre de jours consécutifs. Cependant, chez les personnes plus âgées qui sont nées dans la philosophie du travail acharné et sans relâche, cette idée fait peut-être un peu moins de chemin. Or, si un nombre élevé de jeunes professionnels plaident pour un horaire de travail réduit, en exposant les divers avantages que la compagnie elle-même pourrait en retirer, il est fort probable que les mentalités se mettent rapidement à changer. Rappelons que l’horaire de travail réduit permet entre autre à l’employeur d’accroître la santé de ses employés (point #1), et donc, de diminuer ses coûts liés à l’absentéisme au travail, d’augmenter la productivité des employés (point #2) et donc, d’être plus rentable par heure rémunérée, de diminuer son taux de roulement, d’avoir des employés plus heureux, etc.

En Angleterre, plusieurs compagnies comme Elektra Lighting, Think Productive et  Portcullis Legals ont passé à la semaine de quatre jours avec succès. Au Québec, j’ai entendu dire que des organisations environnementales comme La Fondation David Suzuki et Équiterre proposaient à leurs employés l’horaire de 30 heures par semaine. Certaines compagnies d’assurance permettent aussi à leurs employés qui le désirent d’avoir un horaire réduit de travail.

Bon an mal an, il commence à se dégager un certain consensus à vouloir réduire le nombre d’heures travaillées. Que vous soyez un étudiant qui travaille 60 heures par semaine au laboratoire, un travailleur expérimenté qui veut sortir de la « rat race » ou simplement quelqu’un qui aimerait avoir plus de temps pour lui et sa famille, il n’est pas trop tard pour demander un horaire réduit de travail. Les bénéfices, tels qu’exposés dans cet article, sont trop grands pour que nous passions à côté de cette chance unique de révolutionner le monde du travail pour notre plus grand bien-être collectif.

PS : Je serais curieux de savoir si d’autres organisations et compagnies québécoises proposent l’horaire réduit à leurs employés. N’hésitez pas à écrire dans les commentaires ci-dessous.

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