Laisser un message sur la Lune dans l’espoir qu’une vie extraterrestre ou que nos descendants le découvrent, dans plusieurs millions d’années. Voilà l’idée un peu folle du projet Sanctuary on the Moon, de l’ingénieur Benoît Faiveley. Ce natif de Bourgogne, qui a grandi à Nuits-Saint-Georges, a réussi à convaincre la Nasa d’embarquer ce témoignage de ce qu’est l’humanité en ce début de XXIe siècle à bord d’une capsule de 1,4 kilo qui devrait s’envoler vers notre satellite en 2027.
Le projet a séduit plusieurs chercheurs, comme le cosmologiste du CNRS Jean-Philippe Uzan, la physicienne des particules Nathalie Besson, l’informaticien chercheur à l’Inria Emmanuel Pietriga, ou encore l’astrophysicien du CEA Roland Lehoucq. Ces scientifiques, entourés de philosophes, de designers et encore d’historiens, s’emploient à décider ce que pourrait renfermer cette bouteille à la mer.
Salutation cosmique
Une grande partie du savoir encyclopédique de l’humanité (mais aussi de la musique, des films et des tableaux) est gravée en ce moment sur 24 disques de saphir – 10 centimètres de diamètre, 1 millimètre d’épaisseur. Deux génomes, masculin et féminin, séquencés au British Columbia Genome Sciences Centre à Vancouver, seront également envoyés sur la Lune.« Nous espérons que Sanctuary constituera une “salutation cosmique” à nos descendants ou peut-être même à des visiteurs venus d’ailleurs. Il s’agit d’un portrait bigarré de notre espèce gravé en micropixels – jusqu’à 7 milliards par disque ! » s’enthousiasme Benoît Faveley, alors que les disques sont en cours de gravure au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), à Grenoble.
Benoît Faiveley reconnaît avoir été marqué au fer rouge par la lecture de Murmurs of Earth, l’ouvrage de 1978 dans lequel l’astronome américain Carl Sagan racontait la genèse du Voyager Golden Record, ce disque embarqué à bord des deux sondes Voyager lancées en 1977, et qui abritait des bruits de vent, des chants de baleines ou encore des enregistrements de Mozart comme de Chuck Berry. Avec ce nouveau projet époustouflant, dont l’Unesco est partenaire, le documentariste veut « s’inspirer des projets passés avec les outils présents tout en préparant l’archéologie du futur ». Guillaume Grallet
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