L’intrus traque sa proie avec furtivité et précision, se préparant à percer l’armure de sa proie. Une fois à l’intérieur, l’agresseur force son hôte à produire plus d’intrus, puis le fait exploser, crachant une multitude d’envahisseurs qui peuvent continuer leur déchaînement à plus grande échelle.
Le drame, représenté dans une vidéo microscopique du SRAS-CoV-2 infectant des cellules cérébrales de chauve-souris, offre une fenêtre sur la façon dont l’agent pathogène transforme les cellules en usines de fabrication de virus avant de provoquer la mort de la cellule hôte.
La vidéo a été réalisée par Sophie-Marie Aicher et Delphine Planas, virologues à l’Institut Pasteur de Paris qui ont obtenu une mention honorable en microscopie concours vidéo sponsorisé par Nikon, la société de photographie.
Filmé pendant 48 heures avec une image enregistrée toutes les 10 minutes, le film montre un ensemble de cellules cérébrales de chauve-souris, qui apparaissent comme des taches grises, entrecoupées de points rouges, qui sont les cellules qui meurent après avoir été infectées par le virus. Les cellules infectées fusionnent avec les cellules voisines pour former des masses plus importantes et, vers la fin de la vidéo, elles explosent, signalant leur disparition.
Mme Aicher, qui se spécialise dans les maladies zoonotiques – celles qui peuvent être transmises des animaux aux humains – a déclaré que ce mastodonte infectieux était le même chez les chauves-souris et les humains, avec une distinction importante : les chauves-souris ne tombent finalement pas malades.
Chez l’homme, le coronavirus est capable d’échapper à la détection et de causer plus de dommages en partie en empêchant les cellules infectées d’alerter le système immunitaire de la présence des envahisseurs. Mais son pouvoir spécial est la capacité de forcer les cellules hôtes à fusionner avec les cellules voisines, un processus connu sous le nom de syncytia qui permet au coronavirus de rester non détecté lors de sa réplication.
« Chaque fois que le virus doit sortir de la cellule, il risque d’être détecté, donc s’il peut passer directement d’une cellule à l’autre, il peut fonctionner beaucoup plus rapidement », a déclaré Mme Aicher.
Elle a dit qu’elle espérait que la vidéo aiderait à démystifier le virus et permettrait aux gens de comprendre et d’apprécier plus facilement cet ennemi trompeur qui a bouleversé des milliards de vies.
« Il est important d’aider les gens à dépasser le jargon scientifique pour comprendre qu’il s’agit d’un virus très sophistiqué et intelligent qui est bien adapté pour rendre les humains malades », a-t-elle déclaré.